mardi 12 avril 2011

Biographie de Gary Cooper - Prologue


Le phénomène Cooper
Quelques semaines après la mort de Gary Cooper, en 1961, le réalisateur Delmer Daves, qui l'avait dirigé dans La colline des potences (The Hanging Tree, 1959), écrivit : "c'était l'un des hommes les plus doux, les plus gentils que j'aie jamais connus, et sa sensibilité était celle d'un grand artiste, bien qu'il refusât ce terme, prétendant qu'il ne savait pas jouer et qu'il se contentait d'être lui-même". La part de mystère qui se dégage encore aujourd'hui quand on entreprend de comprendre ses choix de carrière, ses comportements contradictoires ou ses idées, trouve là, probablement, son origine. Comme si Gary Cooper avait traversé la première moitié du XXe siècle en agissant constamment au gré de ses envies, sans jamais se prendre pour ce qu'il était réellement : une star, un sex-symbol, un grand acteur.

Cette part de mystère, accentuée par un laconisme à l'écran comme à la ville, pousse parfois à catégoriser rapidement l'acteur. Comme un cowboy taciturne et solitaire tout d'abord (l'écrivain Charles Ford considérait que Cooper devait "figurer au Panthéon du Septième Art, et plus particulièrement dans la galerie réservée aux héros de l'Ouest"), alors que la plupart de ses films emblématiques - à l'exception du Train sifflera trois fois (High Noon, 1952) - sont à ranger parmi les comédies, les films d'aventures, de guerre ou les drames. Comme un républicain conservateur ensuite, à l'instar d'un John Wayne, alors qu'il refusa de donner des noms lors de la chasse aux sorcières et qu'il fut un ardent défenseur du scénariste blacklisté Carl Foreman. Comme un incorrigible coureur de jupons enfin, lui qui fut marié à la même femme de 1933 à sa mort. Pour autant, ces a priori étaient des facettes réelles de l'acteur.

"Le héros le plus respectable de Hollywood" selon Michel Ciment - qui refusa des rôles car ils ne correspondaient pas à l'image positive de ses personnages -, visage à l'écran des héros réels de l'Amérique tels que Alvin York, Lou Gehrig ou le Docteur Wassell, interprète de quelques unes des âmes les plus nobles du cinéma, comme John Doe, Longfellow Deeds ou Will Kane, pouvait être parfois le "personnage le moins respectueux", à l'écran (Vera Cruz, 1954) ou dans sa vie privée (on lui connait des nombreuses liaisons extraconjugales). Cooper incarnait l'Amérique plus que tout autre acteur, avec ses forces et ses faiblesses. Il était une représentation à lui seul du rêve américain. Carl Foreman voyait en lui "quelque chose de lincolnien" et déclara en 1969 : "Le phénomène Cooper explique une partie de l'Amérique" ...

... le destin d'un jeune homme du Montana devenu l'une des plus grandes stars de son époque, une légende du cinéma de l'âge d'or hollywoodien.

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