jeudi 21 avril 2011

Sergent York (1941)


>> ÉQUIPE TECHNIQUE / CARACTÉRISTIQUES
Titre original : Sergeant York, Réalisateur : Howard Hawks, Scénario : Abem Finkel, Howard Koch, John Huston et Harry Chandlee, Producteur : Hal B. Wallis et Jesse L. Lasky, Musique : Max Steiner, Photographie : Sol Polito, Direction artistique : John Hughes, Montage : William Holmes, Genre : Guerre, Durée : 134 minutes, Noir et Blanc, Sortie US : 27 septembre 1941.

>> DISTRIBUTION
Gary Cooper (Alvin C. York), Walter Brennan (Pasteur Rosier Pile), Joan Leslie (Gracie Williams), George Tobias ('Pusher' Ross), Stanley Ridges (Buxton), Margaret Wycherly (la mère de York), Ward Bond (Ike Botkin), Noah Beery Jr. (Buck Lipscomb).

>> HISTOIRE
1917. Alvin York est un fermier du Tennessee, qui préfère l'alcool aux sermons du pasteur, jusqu'au jour où la foudre tombe à côté de lui, faisant fondre son fusil. Voyant là un signe divin, il s'investit dans la religion tout autant que dans son travail. Fiancé à Gracie Williams, il refuse tout d'abord d'aller combattre en Europe quand la guerre éclate, mais s'y voit contraint par l'administration.
Dénouement. Vu comme un objecteur de conscience, un pacifiste, par ses supérieurs, il épate par ses qualités de tireur. Petit à petit, grâce au major Buxton, il conçoit la guerre comme le moyen de défendre ses libertés individuelles, et se voit nommé caporal. Envoyé sur le front, il devient le héros de toute sa nation en sauvant ses hommes d'une embuscade allemande, et en faisant capturer 132 prisonniers à lui tout seul. Décoré par la France, l'Angleterre et les États-Unis, et après un passage triomphal à New York, il rentre chez lui pour se marier et s'occuper de sa ferme.

>> AFFICHES


>> NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES
Nominations :
- Cérémonie des Oscars, 1942 : Meilleur film, Meilleur acteur (Gary Cooper), Meilleur acteur dans un second rôle (Walter Brennan), Meilleure actrice dans un second rôle (Margaret Wycherly), Meilleur réalisateur (Howard Hawks), Meilleur scénario original (Harry Chandlee, John Huston, Abem Finkel et Howard Koch), Meilleure photographie en noir et blanc (Sol Polito), Meilleure direction artistique en noir et blanc (John Hughes et Fred M. MacLean), Meilleur son (Nathan Levinson, Warner Bros.), Meilleur montage (William Holmes), Meilleure musique (Max Steiner).

- New York Film Critics Circle, 1941 : Meilleur acteur (Gary Cooper)

Récompenses :
- Cérémonie des Oscars, 1942 : Meilleur acteur (Gary Cooper), Meilleur montage (William Holmes).

- New York Film Critics Circle, 1941 : Meilleur acteur (Gary Cooper).

- L'American Film Institut a classé Sergent York dans plusieurs listes :
     . 57ème film le plus inspirant de tous les temps.
     . 35ème plus grand héros de film de tous les temps (Alvin York, Gary Cooper).

>> AUTOUR DU FILM
Alvin C. York (1887-1964) fut un réel héros des États-Unis, engagé dans l'armée américaine en 1917, tireur d'élite et décoré pour avoir tué une trentaine d'ennemis et capturé 132 prisonniers à lui tout seul.  En 1919, au sortir de la guerre, il triompha à New York (la scène est dans le film) dans la grande parade de l'armistice où il fut ovationné par le public. Jesse L. Lasky, pionnier du cinéma à Hollywood (il fut le producteur du premier film tourné sur place, réalisé par Cecil B. DeMille), assista à cette parade et eut l'idée de réaliser un film sur le destin de cet homme.

Le véritable Alvin Cullum York, décoré après la guerre.

Des années plus tard, après plusieurs tentatives avortées, il rencontra Alvin York qui donna son accord pour faire un film, à la seule condition que Gary Cooper soit l'interprète principal. Toutefois celui-ci ne fut pas tout de suite emballé, voire même hostile à ce projet, jusqu'à ce qu'il rencontre personnellement le héros. Hal B. Wallis, chargé de production, proposa Michael Curtiz comme réalisateur, proposition rejetée par Cooper. Mais la Paramount refusa de "prêter" Henry Hathaway, tout comme Universal refusa Victor Fleming. Finalement, c'est Howard Hawks qui fut emprunté à Samuel Goldwyn, pour une très grosse somme. Le réalisateur de Scarface et Gary Cooper acceptèrent de faire le film par amitié pour Lasky, alors dans une situation financière exécrable (l'acteur qui fut "prêté" pour Sergent York en échange de Bette Davis).

Le tournage eut lieu dans les grands studios de la Warner, dans la vallée de San Fernando, à côté de Los Angeles, et sortit en septembre 1941 aux Etats-Unis. Howard Hawks aurait voulu une femme plantureuse pour incarner l'épouse de York, mais Wallis refusa et lui imposa Joan Leslie, pour qu'elle incarne une femme de la campagne, simple. Le succès fut considérable, rapporta près de deux millions de dollars de recettes, et le principal intéressé, satisfait de l'adaptation cinématographique d'une partie de sa vie, déclara "J'ai fourni l'arbre et Hawks a mis des feuilles".

Dans un contexte troublé - quelques mois avant l'attaque sur Pearl Harbor, et l'entrée en guerre des États-Unis - le film apparut (et apparaît toujours) comme une œuvre de propagande, "liée aux enjeux de l'engagement des États-Unis contre le régime nazi" pour servir leur "cause interventionniste qui avait besoin de modèles et de légendes", renouant alors avec les stéréotypes de la culture de 14/18 (la scène où York tue les allemands comme les vulgaires dindons de sa campagne, notamment). Le film ne fut évidemment pas projeté en France occupée, et ne sortit que le 4 avril 1945 dans l'hexagone. (d'après les ouvrages de Noël Simsolot, Patrick Brion et Laurent Veray, voir la bibliographie)

>> RÉPLIQUES
- "Regarde ce vieux chêne, il paraît solide. Il a vu ton père labourer ce champ. On croirait qu'il ne tomberait jamais hein ?
- Oui.
- Fièrement dressé vers le ciel. Eh bien non ! Il tient grâce à ses racines, dans le sol. On ne les voit pas, mais elles existent. Ainsi l'homme doit avoir des racines, ailleurs qu'en lui même."
(Walter Brennan/Gary Cooper)

- "Je n'ai pas le droit de me mettre entre vous.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Ce que j'essaie de dire, mademoiselle Gracie, c'est qu'un brave type comme lui fera un bon mari.
- Comment ?
- Et si vous changiez d'avis en faveur de Zeb, je crois que ...
- Quoi ?
- Que je comprendrais.
- C'est trop fort ! Écoutez moi bien, si je voulais Zeb Andrews, je l'aurais, et sans que vous fassiez le grand cœur. Je vous ai embrassé non ?
- Oui.
- Je ne cours pas les champs pour embrasser le monde ! Maintenant écoutez moi bien, j'épouse une terre ?
- Oui. Euh ... non !
- Un troupeau ?
- Non.
- Un champs ? Je vous épouserai et personne d'autre."
(Gary Cooper/Joan Leslie)

- "Je travaille dans le métro mais j'ai jamais pensé aux gars qui l'ont creusé. Depuis que je suis troufion, je les respecte."
(George Tobias)

- "Où avez vous appris à tirer ?
- Nulle part. Chez moi, on dit que je savais tirer avant de naître."
(Harvey Stephens/Gary Cooper)

- "Que croyez vous que Boone cherchait dans vos forêts ?
- Je n'y ai pas réfléchi.
- De nouvelles terres ?
- Probablement.
- Possible ... Mais peut-être autre chose. Une chose que l'homme ne peut voir ni toucher, qu'il ne conçoit pas avant de l'avoir perdue.
- Je vous écoute.
- La liberté. C'est rare un homme libre. C'est ce qu'il cherchait, c'est pour cela que Boone est venu dans vos forêts.
- On raconte ça là-dedans ?
- Oui. C'est l'histoire d'un peuple luttant pour sa liberté, du début jusqu'à nos jours, car rien n'est fini. Une longue histoire York, la genèse du premier gouvernement déclarant que la communauté défend l'individu et l'individu la communauté. Le gouvernement du peuple, par, et pour le peuple."
(Stanley Ridges/Gary Cooper)

>> CRITIQUES
"Le récit de Sergent York, fermier héros de guerre, converti à la justesse morale du combat armé par une révélation en plein orage, lui permet [à Howard Hawks] de créer avec Gary Cooper une figure comique truculente, sincère et professionnelle. Comme les décors de campagne en studio, les dimensions folkloriques et religieuse du film lui sont étrangères, mais il les applique avec sérieux en se concentrant sur l’excentricité d'Alvin York." (P. Berthomieu, Hollywood classique, le temps des géants, Nîmes, Éditions Rouge profond, 2009, p. 280)

"Quel est le pire ennemi de la guerre ? Le patriotisme. C'est pourtant lui qui irrigue de la première à la dernière image cet extraordinaire portrait de héros, brave montagnard pacifiste devenu à son corps (presque) défendant une légende vivante de l'Amérique belliciste. Combiné au charisme oscarisé de Gary Cooper, le génie visuel d'Howard Hawks a de quoi susciter un garde-à-vous réflexe." (B. Achour et V. Serlat, "A la guerre comme à la guerre", Les années laser, n°167, septembre 2010, p. 86)

"[...] Il reste un film longuet dans sa première partie, et admirable de concision dans la description des combats et de la vie militaire." (J. Tulard, Guide des films, Paris, Robert Laffont, 2002, p. 892)

"Mis à part son militarisme, souvent gênant, Sergent York bénéficie de la composition chaleureuse de Gary Cooper. Grâce à lui, le film devient l'histoire d'un homme simple qui renonce peu à peu à sa vie de bagarreur inconscient pour travailler, inlassablement, et tenter de pouvoir acheter la tenue qu'il destine à sa future femme. Cette partie du film est sans doute la plus attachante dans sa description de la province américaine." (P. Brion, Le cinéma de guerre, Paris, Éditions de la Martinière, 1996, p. 97)

"C'est l'une des très rares oeuvres de Hawks à présenter un personnage complètement primitif et c'est aussi l'un de ses rares films où  le mélange des tons n'intervient pas directement. Le classicisme de Hawks, son refus si caractéristique de tout formalisme, également son respect du personnage qu'il a à traiter, transcendent cette imagerie d’Épinal à laquelle, d'autre part, s'accorde parfaitement la naïveté sublime du style de jeu de Cooper." (J. Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, les films, Paris, Robert Laffont, 1992, p. 1361)

"[Sergent York] est aussi une œuvre à double prise de conscience (religieuse, puis patriotique) qu'une désignation cynique de la colonisation d'un individu par les tables de Dieu et celles de la Nation." (N. Simsolot, Howard Hawks, Paris, Cahiers du cinéma, 2007, p. 135)

"A voir les choses de plus près, il est probablement impossible que York soit à la fois un idiot et le champion des valeurs morales de l'Amérique. Pour certains spectateurs, il sera d'ailleurs ou l'un, ou l'autre. Mais le génie de Hawks sera de nous faire accepter cette ambiguïté impossible, de tenir toujours en éveil notre pouvoir de réflexion et d'interrogation." (L. Moullet, Politique des acteurs, Paris, Éditions de l'étoile, 1993, p. 34)

>> PHOTOS DU FILM


>> PHOTOS D'EXPLOITATION


>> PHOTOS DE TOURNAGE


>> LA CÉRÉMONIE DES OSCARS DE 1942


>> DOCUMENTS
Fiche "Portraits de stars : l'encyclopédie du cinéma" spéciale Sergent York.

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